2007 (Jacques Lacan)
Posté le 07 mars 2007
JACQUES LACAN
Jacques Lacan est né dans une famille un peu serrée du cul, d’ailleurs un de ses frères est devenu curé. Jacques a toujours eu un côté dominateur, sûr de son rang et de son autorité sur les autres. Un peu tête à claques, donc, il décide de persister dans la voie du monsieur Je-sais-tout en choisissant de devenir psychanalyste. Comme il est un peu roublard et fumiste, il comprend vite que cette profession permet tous les débordements de par son côté approximatif toléré, et même fondateur. Très intéressé par la culture et par l’art, il se rapproche des surréalistes, qui l’influenceront autant que le surréalisme se sera copieusement servi des théories et méthodes psychanalytiques. Il pique plus ou moins des idées qui existaient à droite à gauche, comme la théorie du stade du miroir, pour asseoir son autorité de psychanalyste et de professeur. Il ne lui manque plus qu’un cas d’école pour démontrer ses théories, ce sera le cas Aimée, une espèce de folle pas vraiment folle jamais guérie, qui finira même par bosser comme femme de ménage chez le père de Jacques. Ce pseudo-cas pas plus crédible que l’invention Anna O. de Freud achèvera pourtant de consacrer Lacan dans la haute sphère des psychanalystes français de renom, malgré des ennemis toujours de plus en plus présent. Un jour Lacan a écrit à Freud pour lui exposer une de ses théories, Freud ne lui a jamais répondu. Quand plus tard on posa la question de savoir si Freud aurait été d’accord avec ses théories embrouillées, Jacques a répondu : « Pas certain qu’il m’ai désavoué ».
Conscient qu’il lui fallait garder des liens avec les théories freudiennes, s’il voulait qu’on continue à le respecter, il organise ce qu’il appelle : « le retour à Freud ». Retour qui sera vite enterré sous sa faconde surréaliste et dévorante. Un jour quelqu’un lui dit que le secret était de toujours se référer à d’autres œuvres et de faire des analogies qui partent dans tous les sens, sans fin. Il applique le programme à la lettre, notamment au cours de ses séminaires qu’il organise chaque année. Il passe donc du coq à l’âne, mélange et multiplie les concepts, dans tous les domaines : scientifiques, philosophiques, artistiques, littéraires, psychanalytiques (quand même), mathématiques, linguistiques… Comprendre ses cours étaient tout simplement impossible, et l’est encore à la relecture. Pour achever de perdre l’auditeur, il utilisait un vocabulaire spécialisé, des mots étrangers ainsi que des néologismes de son cru plus ou moins heureux. Lacan lui-même se perdait les pédales dans ce charabia, qu’il n’avait parfois même pas écrit lui-même. En effet, surtout vers la fin de sa vie où il devenait aphasique, mais même avant, son gendre Jacques-Alain Miller lui écrivait ses séminaires. Miller était parvenu un jour à donner un sens à la parole automatique de Lacan, et ce dernier en avait été fort aise. Si bien qu’en plus de lui laisser sa fille et son héritage, il lui laissa aussi carte blanche pour organiser, rectifier et finalement rédiger ce qu’on continue encore à appeler l’œuvre de Jacques Lacan. N’en reste pas moins que c’est un vrai plaisir de se perdre dans les méandres de cette pensée vernaculaire, sensée si bien coller aux cheminements secrets de notre propre pensée. « L’inconscient est structuré comme un langage », un des aphorismes les plus connus de Lacan, résume à lui seul le principal message de Lacan, à savoir que nos pensées profondes fonctionnent par métaphores, analogies, glissements de sens, comparaisons, allitérations, métonymies etc… bref, il n’a fait que redire ce que Freud disait déjà sur les rêves et l’inconscient.
Lacan exerçait aussi le métier de psychanalyste, dans sa maison au 5 rue de Lille, à Paris. Sa particularité était de faire des séances très chères, et très courtes, de plus en plus courtes. L’excuse qu’il avait donnée était qu’il ne fallait pas respecter une durée fixe des séances, mais les arrêter à un moment parcimonieusement choisi par le psychanalyste. Il disait qu’il fallait couper l’analysé à un moment susceptible de faire travailler d’une manière plus efficace son inconscient. Ce qui est une bonne idée, seulement pourquoi cela allait-il systématiquement dans le rétrécissement de la séance ? La vérité était que Lacan voulait faire un maximum de clients, car il adorait le fric. C’est aussi pour cela que les séances étaient si chères. Il pouvait s’acheter ainsi plein d’œuvre d’art comme : « l’Origine du monde », de Gustave Courbet, qui est longtemps restée chez lui, cachée derrière un petit rideau installé devant le cadre. Comme les séances étaient chères, il s’assurait également ainsi la connaissance de personnes riches et influentes, ce qui ne gâtait rien. En contraste, il faisait attendre les gens parfois très longtemps avant de les expédier en deux-temps trois mouvements, souvent d’une manière méprisante. Il lui arrivait ainsi souvent de lire son journal pendant la séance, et de laisser la porte ouverte sur la salle d’attente de manière à ce que tout le monde puisse entendre ce qui se passait. Les gens étaient ainsi dans un rapport sado-masochiste, cherchant sans cesse des interprétations au comportement abusif de Lacan. Il lui était également reproché d’accepter de prendre des cas limites qui nécessitaient des soins psychiatriques, ce qui faisait de lui le détenteur record de suicides de patients. La manière dont il les traitait n’arrangeait certainement pas les choses. D’ailleurs, Lacan était pour que les gens se suicident, affirmant que c’était l’acte parfait.
Sentimentalement, il avait un grand pouvoir sur les femmes. Pourtant il n’était pas très beau, mais il était connu et il savait baratiner. Comme Freud, Lacan s’est beaucoup intéressé à l’hypnose. Et il s’est beaucoup servi de ces méthodes en les appliquant à ses conférences, mais aussi à son comportement séducteurs avec les femmes. Il savait tenir les gens en haleine en tournant toujours autour d’un pot qui n’existe pas. Le génie de Lacan c’est d’avoir compris que ce qui intéresse les gens ce n’est pas le pot mais le fait même de tourner autour, et d’avoir fait l’économie du pot. En disant : « Il n’y a pas de rapport sexuel », il s’assurait d’en avoir à foison. En déclarant : « La femme n’existe pas », il était sûr de toujours en avoir une sous le coude. Il s’est marié avec Sylvia Bataille, l’ex-femme de Georges Bataille, célèbre écrivain surréaliste. Dans sa descendance (lointaine ou proche je ne sais plus) il y a Sybille Lacan et Fabrice Roger-Lacan. La première écrit des livres pas terribles, l’autre a écrit : « Cravate-Club », qui est une pièce de théâtre assez drôle et intelligente. Jacques-Alain Miller s’est marié avec la fille de Lacan (je ne sais plus son prénom), et Gérard Miller (le psy de télé pour émission de variété) est le frère de Jacques-Alain. Ce dernier s’occupe encore aujourd’hui des décryptages/rédactions des séminaires dont une large partie sont encore inédits, et les publie au compte-goutte (compte-goutte qui s’accélère à l’approche de la mort de Jacques-Alain). Malgré ses soins, il y a encore plein d’erreurs et de contresens dans ces livres. Des éditions pirates des séminaires inédits circulaient et se vendaient très cher ; maintenant avec Internet on peut les trouver facilement.
Vers la fin de sa vie, Lacan qui n’avait jamais abandonné une certaine recherche, était passionné par les nœuds. Plus il devenait malade et aphasique (il avait à la fois le cerveau et le colon qui se détruisaient), plus il devenait fou et caractériel. Il se raccrochait à ses nœuds comme à sa lucidité diminuante. Les gens abandonnaient ses séances, où il ne pouvait plus faire illusion, sa déchéance étant trop visible. Il allait jusqu’à supplier les gens pour qu’ils continuent leur analyse avec lui, sans succès (tu m’étonnes !). Le schéma s’était inversé, il ne contrôlait plus rien, ni lui, ni les autres. Il continuait néanmoins les séminaires qui n’étaient plus que de longs silences entrecoupés de borborygmes, devant des nœuds péniblement dessinés et redessinés à la craie. La salle se vidait de plus en plus, cours après cours, minutes après minutes. On lui a demandé à cette période-là de préfacer le catalogue d’un artiste qui travaillait sur les nœuds. Lacan a mis plusieurs semaines à gribouiller laborieusement quatre feuillets, en les raturant et les recommençant sans cesse. Le résultat était inexploitable. Finalement, pour ne pas vexer Lacan, par charité presque, on a reproduit les feuillets tels quels à la fin du catalogue. Lacan a fini par succomber à son cancer du colon, qu’il refusait de soigner. C’est ce qui s’appelle rester bloqué au stade anal.
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