2000
Posté le 14 mars 2000
2000
Janvier:
Je dépose mon pseudonyme: « Jean-Luc Le Ténia » à la Sacem.
Février:
Didier Wampas me dit au téléphone que ce serait bien que mes chansons aient un meilleur son. Il est vrai que jusqu’à présent je m’enregistre avec un baladeur-enregistreur, et que le son est médiocre. Je décide donc d’acheter un lecteur-enregistreur de mini-disc, avec un bon micro. Avec ce matériel, je réenregistrerai mes chansons préférées en vue de les ressortir sur cd.
Mars:
Le premier mars, je vais voir Napalm Dance en concert à l’inventaire.
Du 10 au 13, je vais à Bordeaux chez Jean-Luc Coudray.
Le 18, je vais voir: « man on the moon » au cinéma.
Je sors une nouvelle cassette, sous le nom de Jean-Luc Le Ténia, comme tous les albums qui suivront. L’album s’intitule: « le meilleur chanteur français du monde », en hommage à Didier Wampas qui a dit dans un interview que j’étais le meilleur chanteur français. J’ai juste rajouté: « du monde ». 39 nouvelles chansons. Le dessin de la pochette est un portrait de moi par Ludovic Moreau. Le listing de cet album n’est pas celui du cd que je sortirai chez Ignatub en 2002, même si on y retrouvera la chanson: « le meilleur chanteur français du monde » telle quelle, et plusieurs chansons réenregistrées au mini-disc.
Avril:
Le 7, je donne un concert au Diabolo Menthe.
Le 15, je donne un concert dans un squatt à Paris, où je dors. Le lendemain, après être passé voir Didier, je vais chez Florent Poultier.
Le samedi 20, je vais en train à Vire, dans le Calvados. Je suis invité par des organisateurs de soirées dansantes mobiles: « les Twins », dans un petit village. Il se trouve que Xavier, undes DJ fan des Wampas, passe souvent le morceau caché des Wampas: « Jean-Luc Le Ténia », et que c’est un succès parmi les danseurs. Les organisateurs voulaient donc leur faire la surprise en invitant le vrai Jean-Luc Le Ténia. D’abord il y a des concerts de Daran et les Chaises, et de Ange, cet affreux groupe de rock progressif. Le maire du village remet la médaille de la ville au chanteur. Après a lieu la soirée dansante proprement dite. Les DJ passent des disques. Puis vient le moment où ils passent: « Jean-Luc Le Ténia ». Je vois environ 2000 personnes sauter en rythme sur la chanson. Puis le DJ coupe la chanson et m’annonce. Là, je monte sur scène avec ma guitare pour jouer ma chanson. Mais le public ne comprend pas qui je suis, pour eux Jean-Luc Le Ténia c’est juste une chanson, pas un individu réel. Je dois attendre la fin de la soirée pour qu’on me ramène à l’hôtel. Rebelote le lendemain soir. Mais ce coup-ci, ils ne passent pas le morceau des Wampas avant mon entrée sur scène. Je joue toujours le même morceau. Timides applaudissements. Même si les organisateurs sont sympas, j’ai quand même l’impression de m’être déplacé pour rien, d’autant plus que je n’étais pas payé, juste défrayé. Les organisateurs me disent qu’ils me réinviteront pour faire un vrai concert. Le lendemain, n’ayant pas la patience d’attendre qu’un organisateur vienne me chercher à l’hôtel pour me ramener à la gare, je fais de l’auto-stop. Comme j’ai un peu de temps avant le départ du train, je mange seul dans un restaurant. Des organisateurs me rejoignent à la gare pour me dire: « au revoir ».
Mai:
Le 6, je donne un concert dans une cave à Mayet. C’est une soirée privée organisée entre copains de la même génération, pas la mienne. Il y a un barbecue et des bières en pression. Tony Papin et sa copine Katell m’y emmènent en voiture, et assistent au concert. Il y a aussi Alexis Dulac. Je fais la connaissance d’Alain Fefeu, qui fait le son de la soirée. Il m’accompagnera sans prévenir à l’harmonica pendant quelques morceaux. Le public ne réagis pas beaucoup, alors ça m’énerve. Mais je ne casse pas ma guitare, suivant les conseil d’Alex qui a conscience que le public ne le mérite pas. Alex chante avec moi à la fin du concert, le refrain de : « la maladie d’amour » de Sardou.
Le 13, je vais voir Amor Belhom en concert.
Le dimanche 14, je suis invité à jouer à une foire au disques et à l’autoproduction, dans la salle Paul Courboulay. Après mon concert, je m’improvise un petit stand où j’essaie de vendre mes cassettes.
Le 20, Frédéric Briche m’invite à jouer en première partie de son groupe Haiku, au Lézard (qui a remplacé l’Ulysse). Le concert sera un succès, et les patrons du Lézard, Mitch et Craps, me referont souvent jouer.
Je sors une nouvelle cassette: « poésie tu m’as trahi! », contenant 21 nouvelles chansons, et l’intégralité du concert au Lézard.
Juin:
L’après-midi du 3, mon père m’amène mon cadeau d’anniversaire, qui est la voiture de mon grand-père, (que ce dernier ne peut plus conduire). Il s’agit d’un AX Spot blanche. Je dois tout de même en payer une partie, payable en plusieurs fois à mon père. (En fait je ne paierai pas tout ce que je dois)
Le soir, je fête mes 25 ans chez moi. J’ai invité des amis du Mans, et Tony Papin qui est venu de Rennes avec, en surprise, Ronald Grandpey. Il n’y a que des garçons, je n’ai réussi à inviter aucune fille. La soirée se passe bien. Je balance des confettis. Tony prend des photos, dont la photo qui sera la pochette de mon cd: « le meilleur chanteur français du monde », où je suis torse-nu devant une armoire de ma chambre. A un moment, je fais un strip-tease sur: « les villes de grande solitude », de Sardou. Après, certains d’entre nous allons en ville pour continuer la soirée. Je suis ivre. En partant, je marche sur une voiture en train de rouler au pas rue du dr Leroy. Les deux filles qui sont à l’intérieur sont affolées, et des CRS alertés me retrouvent rue des minimes. Ils me ramènent vers leur camion qui est garé devant le Prisunic. Mais je ne veux pas être arrêté le soir de mon anniversaire, alors je tente de prendre la fuite en courant de toutes mes forces. Seulement dans ma courses je me casse la gueule et ma tête va frapper un poteau. A ce moment-là je fais semblant d’être évanoui tandis que les CRS me rattrapent. J’entends au loin une fille qui crie: « Non! Laissez-le! Il était avec moi au lycée, il est gentil! ». Les CRS me demandent si ça va, puis je me relève et retourne au camion avec eux. J’ai juste une petite blessure sur le poing. Ils me demandent où je travaille. Quand je leur répond que c’est à la médiathèque, le fait que cela fasse partie des organismes de la ville les amadoue un peu. Puis je leur explique que c’est mon anniversaire. Alors ils me laissent repartir en me disant: « puisque c’est votre anniversaire… mais vous rentrez directement chez vous ». Je leur dis que oui, et pars. Seulement je n’ai pas envie de rentrer de chez moi, alors je fais un détour pour trouver un bar qui serait encore ouvert. En chemin, je rencontre René Guyomarch’ que je connais puisqu’il est pigiste au Maine Libre, et que c’est un ami de David Glaser. Il est en train de discuter avec une femme de cinquante ans, Annie. Elle nous propose d’aller boire chez elle, pas loin. Elle nous sert des bonnes bouteilles. Il y a des posters d’équipe de foot au mur, elle est fan des bleus. Puis René part. Je reste à boire avec Annie, qui met la cassette vidéo de: « les yeux dans les bleus », le documentaire sur l’équipe de France lors de la coupe du monde 1998.
Le week-end du 10 et 11 juin, je vais chez Tony Papin à Rennes. J’apporte des cds vierges, car nous allons compiler mes chansons réenregistrées avec le mini-disc. Tony rentre tout ça dans son ordinateur, et le cd: « d’accord » pourra voir le jour. C’est donc mon deuxième cd, contenant 35 chansons. Sur la pochette je mettrai une photo de moi petit, en train de danser avec une fille pour la kermesse de l’école Sainte-Anne. A l’intérieur, je mettrais une photo de mon chat Bouffi, sur le lit de ma chambre d’enfant.
Le vendredi 16 juin, je joue en première partie de Wampas au Bataclan, à Paris. Ma sœur est présente dans le public, elle filmera une partie du concert au caméscope. Est présente également Sandrine Bernard, qui était à Paris à ce moment-là. Je passerai la nuit et resterai le lendemain chez Didier.
Tony crée la première version de mon site internet.
Le 23, je sors un mini-fanzine: « as-tu pensé à améliorer le statut du rock’n’roll », qui regroupe quelques-uns de mes dessins.
Juillet:
Le premier juillet, Sandrine Bernard m’invite à nouveau à son anniversaire, où je fais un concert.
Le 9, je suis invité à un barbecue chez Gildas Morinais.
Le 23 , je vais chez Jean-Luc Coudray dans sa maison à Lacanau. Quelques jours après, je vais rejoindre Anthony Beaufils, sa copine Sandrine Floquard, leurs amis Marco et Céline, à Argeles-Gazost, dans les pyrénées. Céline est en dépression parce qu’elle vient de perdre son copain dans un accident de voiture. Je les retrouve dans un camping, d’où on se fera virer le lendemain pour tapage nocturne. Du coup nous allons dans un autre camping, un peu plus loin. Ce camping est plus grand, de plus, il y a un petit chalet réservé pour ceux qui veulent veiller tard. Nous y jouerons aux cartes en écoutant de la musique et buvant des bières. Un soir, quand on se brosse les dents en silence tous alignés, sans prévenir, je me mets à me barbouiller partout sur le visage avec ma brosse à dents. Ce qui déclenche le seul fou-rire de Céline du séjour. Les après-midis, nous allons nous balader dans la montagne, et le soir, on fait de grands gueuletons en buvant. Un jour, nous allons à Lourdes. J’achète un cierge en faisant le vœu de trouver l’amour. Je plante le cierge devant nos tentes. Céline part rejoindre sa mère en Loire-Atlantique. J’aimerai bien rencontrer des filles, mais les autres préfèrent qu’on reste entre nous. Le samedi soir, nous allons dans un autre camping où il y a une soirée dansante. Légèrement bourré, je fais un début de strip-tease sur du Claude François, et saute sur une table où des gens sont installés. Anthony, Marco et Sandrine veulent rentrer au camping. Je les suis mais je leur sors un grand laïus comme quoi je voulais parler à des gens, et que la montagne c’était froid et que ça ne parlait pas (ce qui deviendra ma chanson: « et ça ne parle pas »). Puis je leur affirme que je rentrerai tout seul le lendemain, et m’endors illico dans ma tente, avec un gros ronflement. Le lendemain, je me suis calmé, ne veut plus rentrer plus tôt que prévu, mais les autres ont pitié et m’épargne une nouvelle marche dans la montagne. Nous passerons donc l’après-midi calmement au bord d’un lac. Nous rentrons au Mans le lendemain, comme prévu.
Aout:
Le 26, je joue au festival de Marigné.
Septembre:
Le 23, Xavier des Twins me fait jouer au Petit Bouchon, à Juvigny-le-Tertre. Là je peux faire un vrai concert, même s’il n’y a pas beaucoup de monde. La copine de Xavier me fait un poutou pendant ma chanson du même nom.
Le 30, Mic, un squatteur, me fais jouer dans un bar à Paris. Les gens paient au chapeau.
Octobre:
Le premier octobre, Mic me fait jouer dans un autre bar à Paris, les gens paient toujours au chapeau. Je commence ces deux concerts par: « poème sur la 7ème », de Johnny Hallyday.
Le 6, je joue avant les Wampas à Sannois, et le 7 à Ivry-sur-Seine.
Novembre:
Le 4, Lilian Ménard m’invite à l’anniversaire de Kenji, un de ses amis des Beaux-Arts. La fête à lieu dans le sous-sol du théatre municipal. J’offre une cassette vidéo avec des monstres mutants à Kenji, mais il fait la gueule. Lilian m’explique que c’était parce que sa famille avait souffert de radiations dans son pays.
Le 6, je vais voir pour la première fois de ma vie Daniel Johnston, que je considère comme le meilleur chanteur du monde! Le concert à lieu à la Maroquinerie, pas loin de là où habite Florent Poultier, je dormirai donc chez lui. Au concert, il y a Philippe des Wampas avec des amies à lui. Daniel Johnston devait faire une partie guitare et une partie piano, mais il ne fera finalement que la partie guitare, parce qu’il n’avait pas les partitions piano je crois. Le concert est très émouvant, mais certains dans le public ne peuvent s’empêcher d’avoir des ricanements moqueur envers le génie, dont la folie transparait. D’autant plus que Daniel n’en a rien a faire des apparences, et s’enfile de gros verres de soda en s’en foutant partout. A la sortie du concert, j’achète « rejected unknown » en double 33 tours, même si je l’ai déjà en cd et que je n’ai pas encore de platine. A la sortie, un gars légèrement à l’écart, me propose sous le manteau un 45 tour de Daniel dédicacé. Il y a juste sa signature. Je refuse. Puis Philippe m’invite au restaurant avec ses amies. J’accepte malgré que je sache que Florent m’attend pour une certaine heure. Effectivement, Florent fait un peu la gueule quand j’arrive en retard, car cela l’empêchait lui et sa copine de se coucher, mais bon…
Le 10, je joue en première partie des Wampas à Chessy, et le 11 à Saint-Germain-en-Laye, à la Clef, où je fais un super concert. Des étudiants d’une école d’ingénieur prennent mes coordonnées pour me faire jouer.
Le 16, toujours dans la tournée des Wampas, je joue à Savigny-le-Temple, et le 18 aux Efferv’essones.
Décembre:
Le 2, je fais un concert au Lézard.
Le 15, je joue avant les Wampas à Paris, à la Cigale. Je fais un triomphe. A la fin, à la demande du public, je me fous à poil (la photo se retrouvera quelques années plus tard dans le livre: « Who’s rock). Je dormirai chez Sylvain Guilloux, un ami de mon petit frère.
Le 16, c’est le dernier concert de la tournée, à la Luciole d’Alençon. Pour fêter ça, Didier et moi décidons de faire n’importe quoi. Je porte un manteau que m’avait donné mon père, et sur la tête un coussin en forme de cœur. Didier trouve que ça ressemble à un cul, alors pendant tout mon concert il crie: « c’est un cul !». Moi je réponds: « c’est un cœur! », et change les paroles de mes chansons pour les remplacer par: « c’est un cœur ». Didier me lance plein de pètard, dont un flambant, qui enflamme mon manteau que j’avais posé sur la scène. Pendant le concert des Wampas, je monte sur scène et me fous à poil. Didier fait semblant de m’enculer avec le manche de sa guitare (j’aurai des cicatrices sur les couilles les jours suivant. Curieusement, la Luciole ne m’a jamais réinvité… Malgré ce désastre calculé, des filles acceptent de m’embrasser sur la bouche après le concert.
Je sors une nouvelle cassette: « Jean-Luc Le Ténia aime Russ Meyer », qui est ma première cassette enregistrée avec le mini-disc. Elle contient 47 chansons.
Le 30, Xavier des Twins m’a invité à jouer pour une soirée dansant qu’ils organisent pour la veille du nouvel an. A Juvigny une fois de plus, mais dans une salle de spectacle ce coup-ci. Il y a un groupe planant avant moi. Puis c’est à mon tour. Ce qui me gêne, c’est qu’ils ont installé un écran au dessus de la scène, qui diffuse des images silencieuse du concert de Ange de l’autre fois… Le public n’accroche pas trop, mais un ami de Xavier me dira que c’est de la poésie ce que je fais, et c’est la première fois qu’on me le dit. Ce qui me console aussi, c’est que ce coup-ci je suis payé, 500 francs. Xavier et moi dormons dans le manoir de son ami qui trouve que je suis un poète. Le matin, je n’attends pas qu’ils se réveillent pour retrouver ma voiture et repartir au Mans.
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