je vis dans un film

Posté le 28 novembre 2010

 

JE VIS DANS UN FILM

(auteur-compositeur: Jean-Luc LECOURT, alias Jean-Luc Le Ténia)

accords: fa sol# sol do

Je me suis rendu compte que je vivais dans un film, alors je me suis recoiffé et j’ai regardé la caméra avec un grand sourire, je me suis rasé avec soin, j’ai choisi une fille, et j’ai tourné un film porno, puis j’ai dis bonjour à quelqu’un dans la rue et je me suis rendu compte que j’étais une train de tourner un film d’espionnage, puis la nuit est tombée, j’ai croisé le cadavre d’un chien errant, là j’ai compris qu’il y avait un monstre qui rôdait, j’en ai déduis qu’on tournait un film d’horreur, j’ai donc regagné ma maison le plus rapidement et discrètement que j’ai pu, je remarquai que ma rue était plus éclairée que d’habitude, c’était parce que ma maison était en feu, j’ai compris alors que j’étais dans un film d’action, alors j’ai bondis dans les flammes pour sauver mon petit chat prisonnier sur le balcon, quand je l’ai pris dans mes bras et tiré d’affaire, il m’a regardé avec ses grands yeux bleu-ciel tout mignon, et j’ai compris qu’on était passé au film pour enfant, puis mon petit chat a explosé, et j’ai compris qu’on était retourné dans le film d’espionnage, mais pourquoi m’en voulais-t’on? Pourquoi m’espionnais-t’on? Pourquoi avais-t’on tué mon chat? Toujours est-il que par erreur ou à dessein, la dose d’explosif n’avait pas été suffisante pour me tuer ni me blesser grièvement, et je m’en tirais avec une légère brûlure au visage, toujours est-il que, dans le doute, je préférai me faire examiner à l’hôpital, et je me suis retrouvé dans une série hospitalière, Georges Clooney m’a examiné, et en me souriant avec classe il m’a dit: « a priori, vous n’avez rien, mais par mesure de sécurité on va vous garder toute la nuit, on en profitera pour faire encore quelques tests », puis il est reparti s’occuper des autres patients, et surtout patientes, dans les autres chambres. Une plantureuse infirmière est rentrée, puis s’est penchée au dessus de moi pour me désinfecter mes égratignures, je voyais largement ses nibards et j’ai cru un instant que j’allais retourner dans le film porno, mais on en est resté au stade film érotique où il ne se passe rien, puis elle m’a chuchoté une phrase à l’oreille, on est repassé direct au film d’espionnage, je commençais à y voir un peu plus clair mais je ne me précipitais pas pour autant dans mes conclusions sachant très bien que dans ce genre de film il pouvait y avoir des fins à tiroir, des rebondissements, voire des retournements de situation, puis elle est repartie en tordant du cul sous sa blouse blanche, me laissant seul avec mon poireau non dégorgé, alors je m’en suis occupé moi-même, un petit film onaniste amateur, ça coûte rien et ça trouve toujours preneur, puis j’ai entendu une explosion, film d’action, la jambe de l’infirmière tombe devant moi, film d’horreur, je me masturbe dans le moignon, film trash, saute par la fenêtre, film d’action, passe dans un trou de ver, film de science-fiction, je me retrouve sur une grosse pierre dans le désert, je me mets à parler tout seul, à voix haute, je marche en fixant l’horizon, film expérimental, puis je rencontre une femme en smoking et à cheveux châtains mi-longs, ok, film d’auteur, la femme m’explique qu’elle est la scénariste, je ne lui demande pas de quel film, et elle voudrait que je lui répète ce que m’a soufflé l’infirmière, je lui dis ok, mais je la baise d’abord, elle a dit ok, re-film porno, putain, ça fait du bien une bonne levrette dans le désert, puis je lui bande les yeux, je la force à pencher la tête en arrière en la tirant par les cheveux, elle ne résiste pas croyant que ça fait partie du jeu érotique, puis je sors un poignard et lui tranche la gorge profondément, film d’exécution politique, j’achève de lui couper la tête puis la soulève par les cheveux, la présente aux caméras du monde entier, je déterre un des micros enterrés dans le sable, relié à un fil qui semble interminable, puis je cris dans le micro « mort aux espions », film engagé, les yeux de la tête coupée de la scénariste sont ouverts et pétrifiants, chacun peut voir le visage de la gorgone, péplum, tous les espions sont changés en statue de sel, tous les indics retombent en poussière, les verres des objectifs des caméras s’opacisent jusqu’à devenir des miroirs, la gorgone se voit et se change elle aussi en statue, vainqueur je laisse tomber cette affreuse tête par terre, bientôt recouverte par les tempêtes de sable, dommage, on n’a pas eu le temps de tourner le générique de fin, film inachevé…


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