2007 (Lourdes)

Posté le 07 mars 2007

 

LOURDES

Lourdes est une ville des Pyrénées, en France. La ville est située au début de la montagne, ce qui fait qu’elle est relativement facile d’accès. C’est d’ailleurs pour cette raison que Lourdes a été choisie parmi des dizaines d’autres villes, ou plutôt villages, des Pyrénées, dans lesquels la Vierge Marie aurait apparu. Il faut dire qu’à cette époque, Lourdes n’était encore qu’un petit village pas connu. A cette époque également, les gens croyaient beaucoup plus que maintenant aux miracles, apparitions et autres croyances, puisque le niveau intellectuel général était bien moindre qu’aujourd’hui (encore qu’aujourd’hui c’est pas très fameux, mais quand même, c’est beaucoup mieux). Bref tout le monde voyait la Vierge, tout le monde catholique, j’entends, parce que les musulmans ou les juifs ne voient pas la Vierge, et les protestants ont du mal avec l’histoire des ovaires saint-esprisés. Petit récapitulatif sur la Vierge Marie : elle est sensée être la mère de Jésus le Christ de Nazareth (il faut préciser, parce qu’à cette époque là, ils étaient encore plus cons qu’à l’époque de Lourdes, et c’était carrément un bonhomme voire plusieurs pour chaque bled qui non seulement voyaient des trucs, mais pensaient carrément être l’incarnation de Dieu sur Terre. Chose qui arrive encore aujourd’hui, mais quand même beaucoup moins, tout du moins beaucoup moins en dehors des hôpitaux psychiatriques. Marie était donc sensée avoir donné naissance à Jésus sans être passée par la case sperme dans la chatte, et avoir été fécondée in vitro spiritus sanctus par l’Esprit Saint, une espèce de concept bâtard trouvé par la suite par les théologiens, pour ne pas avoir à reconnaître que la sainte Mère de Dieu est une pute, nique ta mère, fils de pute, mother fucker, aujourd’hui encore l’insulte est toujours aussi dérangeante. Evidemment, le fait d’avoir donné naissance à un humain de la manière biologique naturelle ne fait pas d’une femme une pute, mais quand on est mal renseigné on peut croire.

Donc environ vers le début du vingtième siècle (très approximativement), la petite Bernadette Soubirou, prétend voir la Vierge à plusieurs reprise près d’une grotte, elle est émerveillé, tout le village se demande ce qui se passe, accompagne Bernadette sur le lieu, ne voient rien mais voient Bernadette émerveillée, genre transfigurée, genre une petite larme sur un visage blanchi par les spots pour montrer la grâce, et avertissent les autorités religieuse. Banco tourisme, foi, c’est comme avoir un 9 étoiles pour un hôtel, c’est le must le top, sortez les bouteilles en plastoc à l’effigie de la vierge. Tous les lépreux et les malades de la terre viennent depuis mendier leurs guérison, car comme le disait en gros Georges Bernard Shaw : « Les gens ne prient pas, ils mendient uniquement ». Parce que c’est la deuxième spécialité de Lourdes : les guérisons miraculeuses. Tous phénomènes touchant de près ou de loin à la religion et à la croyance d’une manière générale, entraîne par méthode Coué placebo une sensation de guérison, suivi ou pas de réels effets sur la santé. C’est ainsi et c’est comme ça, parce que l’esprit a quand même un peu de pouvoir sur la matière (l’esprit de l’homme, hein, pas l’Esprit-Saint !) Le moral, la volonté y sont pour beaucoup dans la guérison, et la foi permet de concentrer ce genre de choses. De la même manière qu’on peut tomber malade par ce qu’on est fragilisé de l’esprit (que ce soit une faiblesse passagère ou continue), on peut guérir. C’est ce qui s’appelle la psycho-somatisation. Phénomène qui a ses limites, puisqu’on ne peut pas faire repousser une jambe amputée par la force de l’esprit, ni guérir du sida (ce qui vaut pas mal de chefs d’inculpations pour certaines sectes qui prétendent le contraire). Bref, ça peut aider de croire en sa guérison, mais c’est loin de toujours suffire. En général ça marche pour les eczémas, les conneries comme ça.

Nous avons donc droit à un défilé de vieilles bigotes toutes arthritées, des malades plus ou moins répugnants, plus ou moins pitoyables, souvent amenés sur des espèces de brancards verdâtres, poussés par des bonnes sœurs, ou des jeunes bénévoles le sourire aux dents (le sourire catholique ultrabrite des jeunes bénévoles, convaincu d’aider les malades alors qu’ils ne font que s’engloutir avec eux dans cette hystérie dégueulasse et puant la mort). Ils font tous la queue pour aller prier devant la grotte, chanter, si possible en toucher les parois au passage. Ensuite remplir un maximum de gourdes, celles achetées dans 9 magasins sur 10 de la ville fourvoyée (« chassez les marchands du Temple » il disait, pourtant) (Jésus). Remplir les gourdes d’eau bénite, car la source qui coulait au pied de la grotte, la Vierge Marie a dit à Bernadette de la boire (elle avait dit aussi de manger l’herbe, mais ça on le dit pas trop, peut-être parce qu’il n’y a plus d’herbe mais du ciment aux pieds de la Grotte-Vierge ; peut-être aussi parce qu’il faut pas trop pousser mémé dans les orties, et que ça n’aurait pas été possible de transformer les chrétiens en ruminants (déjà qu’ils se tapent le sang et le corps du Christ tous les dimanches… passer du cannibalisme et du vampirisme au végétarisme à l’eau… c’est carrément un retour en arrière !). Bref ils boivent l’eau miraculeuse de Lourdes, espérant ainsi aller mieux, guérir, ou tout simplement se donner un coup de pêche, l’eau miraculeuse ça peut pas faire de mal, c’est un peu comme l’eau de Vichy. Des dizaines de robinets coulent sur la grande esplanade de Lourdes, où les processions se suivent et se ressemblent, Ave Marias en boucle, retraite au flambeau, en marchant lentement, tout lentement, c’est beau une ville la nuit, surtout Lourdes, et ses flambeaux dont la flamme est protégée du vent par une petite feuille de carton pliée autour, avec les paroles des chants écrits dessus, c’est vachement pratique. Et on voit les petites bouches fripées des salopes repenties, qui ont peur de l’enfer et de la douleur, leurs petites bouches tremblotantes éclairées fugacement par la petite flamme vacillante, la petite flamme de leur Foi, leur toute petite flamme vacillante, leur toute petite vie bientôt soufflée. Pendant que ses petites bouches fripées et maladives, ces bouches pleines de peaux infectées qui se décollent, viennent s’appliquer les unes après les autres contre les robinets faisant couler l’eau qui doit venir de l’usine des eaux (parce que Lourdes est aussi une ville normale, avec des rues, un maire et des magazines de cul vendus à la gare), les messes se déroulent, dans la basilique, ou dans le grand blockhaus construit à côté de l’esplanade. Messes à l’ancienne, messes plus modernes (le Renouveau Charismatique a ainsi fait sa percée au sein de l’Eglise Catholique. Initialement cataloguée comme secte par cette dernière, le Renouveau Charismatique, fort de ses fidèles de plus en plus nombreux, a fini par être non seulement accepté mais souhaité par le Vatican, tellement les églises sont désertées aujourd’hui) (Le Renouveau Charismatique, dont une des spécialités est le miracle en tout genre, prêtre guérisseur par imposition des mains et tout le tralalala, ce qui colle impec avec le délire de Lourdes). Si vous n’êtes pas très branché par les messes, vous avez également la possibilité d’aller vous faire baigner -tu rentres tu sors tu fais trempette- dans des petits bassins remplis d’eau miraculeuse (là aussi c’est le défilé des tuberculeux, paralytiques et psoriasis à souhait ; après ça on va dire que le Gange c’est dégueulasse).

De nombreux hôtels et service accueillent les pèlerins. L’été il y a aussi des grands campements organisés autour de la ville, à flanc de montagnes, c’est très sympa. Ils regroupent tous les jeunes là-dedans, pour qu’ils se fassent un peu moins chier que les parents. Donc à la scout, popote à la queuleuleu et concerts de rock chrétiens (« Jeanne, Jeanne, pucelle d’Orléans » : à imaginer sur un air entraînant à taper du pied). Quelques enfants sont vraiment dans le truc (les plus douteux je dirais d’un point de vue moral mais bon), sinon les autres ne pensent qu’à aller s’échapper dans la montagne ou dans la tente des filles (le plus sain, d’un point de vue moral je dirais, mais bon, voila).

Lourdes est aussi le prénom de la fille de Madonna, la chanteuse, qui d’ailleurs s’appelle Madonna parce que ça veut dire la Madonne, la Vierge quoi. Mais comme elle est un peu pute, elle a appelé son fils Rocco, comme l’acteur porno.


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